C’était la première fois que je collaborais avec une crèche. Bien que la curiosité m’envahissais, je ne pouvais pas m’empêcher d’imaginer que j’allais devoir éviter les jouets volant dans les airs, les enfants communiquant dans un langage incompréhensible, les professionnelles leur répondant par des balbutiements tout aussi incompréhensibles et une armée de bébés prêts à viser et à tirer sur l’ennemi… Bref, le chaos !
1. Tout d’abord, vu le scénario catastrophe que j’avais en tête, j’ai été surprise par le calme trouvé à mon arrivée. Il y avait six enfants assis en cercle qui chantaient des chansons. Ils se sont pétrifiés à mon arrivée, analysant de façon minutieuse la personne qui avait osé interrompre une scène si adorable. C’est à ce moment que j’ai appris ma première grande leçon de micro-crèche : avant d’avoir un quelconque contact avec un enfant, il est nécessaire de passer son « scanner d’approbation ». Une fois qu’ils se sont familiarisés avec nous, il sera beaucoup plus facile d’interagir avec eux et ils vous feront rapidement confiance. C’est pourquoi, après l’intense observation de 6 paires d’yeux très curieux pendant au moins 15 minutes, j’ai voulu gagner leur confiance en me joignant à leurs chansons, marquant le rythme avec mes mains.
2. À ma grande surprise, plusieurs enfants ont commencé à m’imiter. Et c’est là que j’ai appris ma deuxième leçon : à cet âge, les enfants apprennent presque tout par l’imitation. Tout mouvement (ou mot) qui attire leur attention sera imité encore et encore. Cela sous-entend une grande responsabilité. Si un tout-petit fait des gestes qui ne sont pas adaptés à son âge ou répète sans cesse des mots inappropriés, l’adulte responsable ne doit pas être bien loin.
3. La troisième leçon est en relation avec ce qui précède. C’est dès le plus jeune âge que l’on doit corriger toute attitude inappropriée. Mais pas n’importe comment… Pour ce faire, à la micro-crèche des P’tits Rimli’s, il existe des fiches avec des images qui représentent ce qui convient et ce qui ne convient pas. Bien qu’à cet âge ils semblent déjà comprendre – et comprennent – des phrases complexes, j’ai trouvé très utile d’illustrer ce que l’on dit avec une image qu’ils peuvent voir et intégrer.
4. Par ailleurs, pour ma quatrième leçon, j’ai compris à quel point il était nécessaire pour les enfants qu’ils comprennent pourquoi on les gronde. En tant qu’adulte inexpérimentée, je pensais que dire « non » était suffisant. En réalité, c’en est tout autrement. Il est plus facile d’obéir à un ordre quand on comprend la raison pour laquelle on doit le faire. En plus, les tout-petits semblent être à un âge de grande obéissance. « Peux-tu me donner ce jouet ? » « Range le livre à sa place. » « Assis-toi correctement. » Ils ne se rebellent pas contre un ordre, même s’ils l’oublient déjà quelques minutes plus tard.
5. Pour ma cinquième et grande leçon, j’ai été agréablement surprise de voir à quel point ils sont indépendants. Je ne peux pas imaginer un tout-petit de crèche coupant son morceau de viande, mais avant cette expérience, je ne pouvais pas non plus imaginer que les enfants pouvaient manger seuls, avec une assiette et une fourchette sans se salir. Je pensais qu’il était nécessaire qu’un adulte leur donne à manger alors qu’en fait, dans la plupart des cas, ils préfèrent manger seuls. C’est un petit détail qui m’a fait découvrir une facette de l’indépendance des enfants que je ne connaissais pas.
6. La dernière leçon que j’ai apprise est que les préoccupations des petits sont bien entendu adaptées au « mini-univers » dans lequel ils vivent. Mais cela n’en fait pas moins des préoccupations importantes. Les raisons pour lesquelles ils pleurent peuvent nous paraître insignifiantes : vouloir manger, ne pas vouloir dormir, se réveiller, vouloir le même jouet qu’un autre… Mais l’aspect positif est qu’ils oublient facilement ce pour quoi ils pleuraient. Il suffit d’attirer leur attention sur autre chose pour mettre fin au drame.
Toutes ces leçons m’ont aidées à comprendre l’univers des tout-petits que je ne connaissais que trop peu. J’ai réalisé que bien que les enfants aient beaucoup à apprendre, nous nous aussi en tant qu’adultes nous avons beaucoup à apprendre d’eux.
Kristal, volontaire européenne 2019-2020